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Les Français et les prélèvements fiscaux et
sociaux
Les Français connaissent-ils les différents prélèvements fiscaux et
sociaux ? Quel regard portent-ils sur le système fiscal français en
général et leur situation personnelle dans ce domaine ?
Note de synthèse
–
Septembre 2021
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Introduction
À la demande du Conseil des Prélèvements Obligatoires, Harris Interactive a interrogé les Français sur
leur perception des différents prélèvements fiscaux et sociaux en France. Dans quelle mesure les Français
connaissent-ils le système fiscal
du pays et les différents prélèvements obligatoires auxquels ils sont
soumis ?
Combien parmi eux ont le sentiment de payer trop d’impôts
, et
comment perçoivent-ils
l’utilisation de
ces ressources
par les pouvoirs publics ? Harris Interactive a recueilli des réponses
auprès d’
un
échantillon de 1 013 personnes
, représentatif de la population française âgée de 18 ans et
plus, du 3 au 9 septembre 2021.
Dans le but d’évaluer l’effet d’une meilleure connaissance
des recettes
et dépenses publiques sur la perception des prélèvements obligatoires, la moitié des répondants a été
exposée à un
complément d’information
sous forme de
deux graphiques sur les recettes et dépenses
de l’État
en milieu de questionnaire, tandis que l’autre moitié n’y a pas été exposée.
Que retenir de cette enquête ?
Dans l’esprit des
Français, les prélèvements
obligatoires
sont
très
majoritairement
assimilés aux impôts
D’emblée, la notion générique de «
prélèvement
obligatoire » est spontanément assimilée à la
catégorie plus spécifique de l’«
impôt » dans
l’esprit
des Français.
Lorsqu’on leur d
emande de
détailler les prélèvements obligatoires qui leur
viennent à l’esprit, les Français citent en effet
d’abord des impôts
: ainsi, 27% d’entre eux citent
la
TVA
et 19%
l’impôt sur le revenu
.
Néanmoins, les Français ont également à l’esprit
certains prélèvements sociaux, dont au premier
chef la
CSG
, évoquée par 24% d’entre eux. Les
Français ont naturellement tendance à penser
aux prélèvements qu’ils estiment les plus
substantiels parmi les re
cettes de l’État. Ainsi,
parmi 5 exemples de prélèvements (TVA, IR, IS,
CSG et taxe foncière), ce sont la TVA, et dans
une moindre mesure l’impôt sur le revenu, qui
sont considérés comme les premières sources
de revenu de l’État.
Une perception
un peu
surestimée par rapport à la contribution
réelle de l’IR aux recettes publiques
. Par
ailleurs, les Français sous-estiment nettement le
niveau de revenu à partir duquel le taux maximal
d’imposition sur le revenu s’applique pour un
célibataire sans enfant
–
la mo
itié d’entre eux
l’évaluant à 80
000
€ par an ou moins.
Quant à
la
CSG
,
les Français tendent à sous-estimer
son poids dans les recettes de l’État
, et ceux
qui indiquent la payer avouent à une majorité
relative (44%) ne pas connaître le taux de CSG
prélevé sur leurs revenus. Néanmoins, ceux qui
se prononcent le situent
dans l’ensemble
autour
de 7,4%, non loin du taux réel de 9,2% appliqué
aux revenus d’activité
. De manière plus globale,
les Français ont une
perception inexacte du
niveau des prélèvements obligatoires en
France
: seuls 14% l’estiment entre 40% et 49%
de l’ensemble des richesses produites
, quand la
plupart des autres le situent plutôt
en dessous
de cette tranche
. La population est d’ailleurs
peu assurée quant à cette estimation comme en
témoigne la dispersion des réponses sur
l’ensemble des tranches proposées.
S’ils sont
peu accordés sur l’estimation du niveau de
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prélèvement général du pays, en revanche
ils
ont souvent le sentiment que celui-ci est plus
élevé en France que dans les pays voisins
:
par exemple, 43% d’entre eux jugent qu’ils
ont
des prélèvements plus importants que leurs
voisins allemands, quand
seulement 10%
pensent le contraire (ce constat étant proche
pour les autres pays testés).
Sans surprise, une majorité de Français
jugent spontanément le niveau des impôts
trop élevé
Spontanément, 75% des Français pensent
que le niveau d’imp
osition en France est trop
élevé
, et seuls 4% le jugent trop bas. Un
jugement qui semble mettre tout le monde
d’accord, quel que soit le niveau de revenu.
Pourtant, lorsqu’ils le rapportent à leur cas
personnel, les Français jugent le niveau d’impôt
moins excessif : 62% de Français pensent qu’ils
paient
trop d’impôts, mais
34% trouvent leur
niveau d’imposition juste
–
en particulier, les
personnes aux revenus faibles (inférieurs à
2
000 € mensuels nets pour l’ensemble du
foyer), ont, par rapport aux autres, nettement
moins le sentiment de payer trop d’impôts.
Près
de 8 Français sur 10 considèrent même le
paiement
des
impôts
comme
un
acte
citoyen
: notamment parce qu’il permet de
participer à la vie du pays en finançant divers
services publics et aides sociales. Les Français
ne sont donc pas réticents à payer leurs impôts
sur le principe. Néanmoins, dans l’ensemble
, le
système fiscal est insatisfaisant aux yeux de
69% des Français
, qui le trouvent trop
inéquitable (54% des insatisfaits) et/ou trop
gourmand (49%).
Aux yeux des Français, les impôts pèsent
davantage sur les classes moyennes que sur
les autres catégories
Pas assez équitable aux yeux des Français, le
système fiscal est
surtout préjudiciable selon
eux aux classes moyennes
, et dans une
moindre mesure aux catégories les plus
modestes. En effet,
a priori
, 66% des Français
jugent
que
les
ménages
aux
revenus
intermédiaires paient trop d’impôts, quand 48%
en disent de même pour les ménages les plus
modestes, et seuls 21% pour les plus aisés. Au
global,
55%
des
Français
jugent
la
redistribution des richesses insuffisante
.
Lorsqu’ils ont été exposés à un rappel sur les
recettes et dépenses publiques, les Français
sont un peu plus susceptibles de juger que le
niveau d’imposition pour ces
3 différentes
catégories de population est juste.
L’exposition
au
rappel
augmente
aussi
légèrement
l’acceptabilité des impôts sur le patrimoine
:
a
priori
, les prélèvements sur le patrimoine sont
jugés trop importants par 53% des Français,
contre 46% chez ceux qui ont eu le rappel. Ces
résultats suggèrent que la
pédagogie sur le
système fiscal peut augmenter
l’acceptabilité
des prélèvements d’une manière générale
.
Les Français se montrent critiques quant à
l’utilisation de l’argent public
Comme on l’a vu, une majorité de Français
(69%) se déclarent insatisfaits du système de
prélèvements, et une
proportion similaire
(65%)
se déclarent
insatisfaits de l’utilisation
qui est faite de ces prélèvements
par les
administrations : mauvaise hiérarchie entre les
missions
et
manque
d’efficacité
sont
les
principaux points de critique soulevés. Un
jugement qui se fait
nettement plus sévère
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auprès des institutions les plus éloignées
des contribuables
(État, Union européenne)
qu’envers
les
administrations
plus
locales
(régions, départements et communes).
Comme pour les impôts, les Français jugent
volontiers les prélèvements sociaux trop
élevés
Si 75% des Français jugent le niveau d’impôts
trop élevé en France,
ils sont moins nombreux
mais toujours majoritaires (60%) à en dire de
même pour les cotisations sociales
. Là
encore,
contrairement à ce qu’on pourrait
attendre,
le niveau de revenu n’a pas d’influence
sur les perceptions. Aux yeux des Français, des
cotisations sociales trop élevées présentent
principalement l’inconvénient de réduire les
salaires nets
–
du point de vue des salariés
–
, et
d’accroître le coût du travail –
du point de vue des
employeurs.
Le prélèvement à la source de l’impôt sur le
revenu, une réforme bienvenue
Les
Français accueillent favorablement le
prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Plus d
e ¾ d’entre eux le considèrent comme
une bonne réforme
, qui présente notamment
l’avantage de
simplifier
le paiement des impôts
et de
faciliter la gestion de son budget
personnel
au quotidien. Parmi la minorité qui
rejette
cette
réforme
sont
invoqués
les
arguments exactement inverses : entrave à la
gestion du budget et complexification du
système.
Les Français ont plutôt le sentiment de bien
connaître leur taux marginal d’imposit
ion sur le
revenu
: parmi ceux qui déclarent payer l’IR,
près de la moitié (47%) pensent que leur taux
marginal d’imposition est de 11%
, et seuls
21% avouent ne pas savoir dans quelle tranche
se situer. En revanche, ils peinent à évaluer leur
taux d’imposi
tion à la source, donnant des
estimations très dispersées, même si 75%
affirment initialement le connaître.
Selon les Français, la crise liée à la Covid ne
constitue pas une raison d’augmenter les
impôts
Les Français se montrent
en majorité (73%)
défavorables à une augmentation des impôts
visant
à
rembourser
les
dépenses
exceptionnelles liées à la
crise sanitaire
. Si un
« impôt Covid » devait être créé, les Français
préféreraient nettement en attribuer la charge
aux
entreprises
(77%)
–
et notamment aux
grandes entreprises
–
plutôt qu’aux ménages
(21%). En revanche, chez la minorité qui
souhaite voir les ménages porter la charge de
cet éventuel impôt,
les avis sont partagés
quant à la distribution de l’eff
ort
: 52%
souhaiteraient plutôt une répartition universelle
tandis que 46% souhaiteraient plutôt cibler les
ménages les plus aisés.
Méthodologie :
Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 3 au 9 septembre 2021. Échantillon de
1 013 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, divisé en 2 sous-échantillons
de taille égale. Pour chacun des deux sous-échantillons, méthode des quotas et redressement appliqués aux
variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle,
région et taille d’agglomération de
l’interviewé(e).
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Contacts
Jean-Daniel Lévy
Directeur du département Politique & Opinion
01 44 87 60 66
–
jdlevy@harrisinteractive.fr
Julien Potéreau
Directeur d’études au département Politique & Opinion
01 81 69 31 92
–
jpotereau@harrisinteractive.fr
Merci de noter que toute diffusion de ces résultats doit être accompagnée d'éléments
techniques tels que la méthode d'enquête, les dates de réalisation, la taille de
l'échantillon, le nom de l'institut
–
Harris Interactive
–
et le commanditaire.
À propos d’Harris
Interactive
Harris Interactive France est un acteur historique du marché des études.
Dirigé par ses fondateurs Nathalie Perrio-
Combeaux et Patrick Van Bloeme, l’institut
propose des approches innovantes, qualitatives et quantitatives, en France comme à
l’i
nternational.
Harris Interactive repense le marché en alliant innovation technologique et
accompagnement d'experts au-delà des études. Pour aider ses clients à prendre les
meilleures décisions, avec un temps d'avance.
Depuis juillet 2014, Harris Interactive Europe (regroupant Harris Interactive France,
Allemagne et UK) a rejoint le groupe Toluna, permettant ainsi à cette structure
internationale
d’étendre sa présence dans la filière études.